Zoulou

film-zoulou12Vertes collines et rouges tuniques.

S’il y a un film à qui fait irrésistiblement songer Zoulou, c’est bien Starship troopers. Mais en fait, au delà de l’accumulation invraisemblable des corps massacrés, les Bestioles dans le film de Paul Verhoeven, les Africains dans celui de Cy Endfield, c’est encore davantage dans la confrontation brute entre deux système guerriers, l’un et l’autre portant au plus haut degré les vertus de courage, de dépassement de soi, d’abnégation… et de folie meurtrière que les deux films se ressemblent le plus.

Laissons un peu de côté la morale qui se veut pacifiste de la fin de Zoulou et les paroles convenues du type Maudite soit la guerre ! ; on sait bien, depuis l’origine de l’Humanité, que la guerre lui est consubstantielle et que, sur tous les champs de bataille, les hommes, vaincus ou victorieux, se désolent au soir tombé et dans l’odeur puissante de sang qui commence à monter des chairs, de l’épaisseur du désastre. Ce genre d’avertissement ne vaut pas plus aujourd’hui que jadis ou naguère, pas davantage que les admonestations lancées aux skieurs téméraires de ne pas s’aventurer dans les couloirs d’avalanche.

3329239748_95f2ae361fLaissons un peu de côté la morale, donc et penchons nous plutôt sur ce moment où l’homme ordinaire devient un combattant, c’est-à-dire quelqu’un capable d’aller bien plus loin que soi dans la témérité, l’altruisme, l’ingéniosité, la volonté de vivre. Car quoi qu’on puisse dire, en relativisant, sur l’héroïsme, le sacrifice et le dévouement à son drapeau, et plus encore, peut-être, à une certaine idée qu’on se fait de l’honneur, les soldats, dans ce film récoltent la meilleure part. Et ceci qu’ils soient britanniques ou zoulous. Et bien beau est le geste du chef zoulou qui, levant le siège du fortin salue avec respect des adversaires qui se sont bien battus. C’est là, évidemment, une différence fondamentale avec Starship troopers et ça permet de rassembler dans le même monde d’humanité, sans racisme aucun, des ennemis qui s’estiment.

Et qui est le grotesque, le ridicule du film ? Le pasteur suédois Witt (Jack Hawkins) pacifiste, minable et dérisoire… Celui-là, tous le méprisent : il ne fait pas partie du monde des combattants. Je suppose, d’ailleurs, que si ça passait un soir à la télé, les exploits de Michaël Caine et de Stanley Baker déclencheraient le tollé du politiquement correct, pour qui ne sont grands que les déserteurs…

TMFO-Michael-Caine-3Par contraste, mon anglophobie structurelle ne peut que s’incliner devant la qualité (tout autant structurelle) de ces Britanniques capables, aux extrémités de la Terre, de conserver leur allure. Ce peuple sur qui a reposé le sort du Monde entre juin 40 et juin 41 n’est pas fait de n’importe quoi, dût mon cœur plein de souvenirs de Jeanne d’Arc, de Waterloo et de Fachoda s’en agacer. Belle figure que celle du sergent Bourne (Nigel Green), sanglé dans sa tunique rouge, décorations arborées et badine coincée sous le bras gauche qui, même dans les moments les plus acharnés, exige de ses soldats de garder de la tenue et de boutonner leur vareuse.

Le décor magnifique de l’amphithéâtre du Drankensberg, la musique, emphatique et puissante de John Barry, la formidable chorégraphie des combats au corps à corps, les figures de soldats attachantes, la qualité de jeu des deux personnages principaux Stanley Baker et Michaël Caine, font de Zoulou un grand film guerrier.

Comment comprendre que nous n’ayons jamais eu, en France, malgré Camerone, malgré Bazeilles, de films de cet acabit, alors que les Britanniques ont pu tourner Zoulou, les Étasuniens, Alamo ? Nous ne devons pas avoir la tête épique…

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